Les risques liés à l’investissement exclusif dans les ETF sur le S&P 500

En 2023, près de 40 % des flux mondiaux vers les fonds indiciels se sont concentrés sur les ETF répliquant le S&P 500. La diversification apparente de ces produits masque une forte exposition aux dix plus grandes capitalisations, qui représentent plus de 30 % de la pondération totale.

Depuis 2010, la volatilité de l’indice a augmenté lors des phases de correction, amplifiant les pertes pour les portefeuilles concentrés sur ce seul segment. Les performances passées ne garantissent aucunement la stabilité ou la sécurité future des placements.

Pourquoi les ETF sur le S&P 500 séduisent autant les investisseurs

L’ETF S&P 500 attire par sa simplicité redoutable. Acquérir en une opération les plus grandes sociétés américaines, c’est accéder d’un coup à l’indice phare de Wall Street, désormais incontournable à l’échelle mondiale. Les mastodontes comme BlackRock, Vanguard ou SPDR rivalisent d’inventivité : trackers hyper-liquides, versions compatibles PEA… L’offre séduit aussi bien l’investisseur particulier que l’institutionnel aguerri.

Les frais de gestion flirtent souvent avec 0,07 % par an, bien loin des commissions mordantes des fonds traditionnels. Pour les adeptes de la gestion passive, difficile de résister à cet argument : répliquer la performance de l’indice de référence sans s’embarrasser de stock-picking, le tout à coût minime.

Côté liquidité, les volumes échangés sur les ETF S&P 500, qu’il s’agisse d’iShares Core S&P ou de Vanguard S&P, rassurent. Les écarts entre prix d’achat et de vente restent faibles, même pour de gros montants. Ces produits reposent sur la réplication physique, offrant ainsi une transparence réelle sur la composition du portefeuille.

Leur souplesse les rend incontournables pour plusieurs usages :

  • Idéaux pour intégrer en assurance vie et diversifier un contrat multisupport
  • Socle solide d’un portefeuille ETF, que ce soit en compte-titres ou en PEA
  • Moyen d’accéder facilement au marché boursier américain, pour des stratégies rapides comme pour un investissement patient

Les mastodontes comme Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet Inc ou Berkshire Hathaway boostent la renommée de l’indice. Beaucoup voient dans ces ETF un moyen d’accompagner la croissance des leaders américains, sans paperasse inutile ni fiscalité envahissante.

Se concentrer uniquement sur le S&P 500 : quels risques réels pour votre portefeuille ?

La popularité d’une exposition intégrale aux ETF adossés au S&P 500 s’est installée, portée par le souvenir de performances flatteuses. Mais cette concentration fait peser un véritable risque sur le portefeuille. Aujourd’hui, une poignée de géants technologiques, Apple, Microsoft, Nvidia, Alphabet et Amazon, représentent à elles seules plus d’un quart de la valorisation de l’indice. Un retournement sectoriel, une nouvelle réglementation ou un changement brutal de tendance suffisent à balayer les certitudes.

Investir via la gestion passive sur cet indice revient à accepter mécaniquement cette surpondération. Certains secteurs, comme l’énergie ou la santé, sont relégués à l’arrière-plan. Pour celui dont la tolérance au risque ou l’horizon d’investissement ne coïncide pas avec la volatilité américaine, l’équilibre fait défaut. Côté géographie, le portefeuille n’offre guère de place aux marchés émergents, à l’Europe ou à l’Asie, qui sont largement absents de cette logique.

Le choix du support a aussi son importance. Miser sur un ETF à réplication synthétique introduit un risque de contrepartie. Quant aux ETF à effet de levier, ils décuplent la volatilité, parfois au-delà de ce que certains épargnants peuvent encaisser. S’en tenir à un seul indice, même aussi réputé que le S&P 500, revient à négliger la robustesse d’autres classes d’actifs lors de turbulences boursières.

Voici quelques-unes des principales failles d’une exposition trop exclusive :

  • Concentration sectorielle très marquée
  • Dépendance directe à la technologie américaine
  • Manque de diversification tant géographique que sectorielle
  • Portefeuille très exposé à la volatilité du marché US

Pot de pièces et papiers de fonds S P 500 sur une fenêtre

Comment limiter les pièges d’un investissement trop centré sur les ETF S&P 500

Diversifier. Le mot prend tout son relief dès que le S&P 500 occupe une place trop importante dans un portefeuille. Miser l’essentiel sur les trackers américains revient à négliger la dynamique d’autres marchés et classes d’actifs.

Plutôt que de multiplier les produits exotiques, il s’agit surtout d’ajouter, de façon réfléchie, des ETF sur d’autres zones économiques. Un MSCI World rassemble plus de 1 500 sociétés réparties sur 23 pays développés. Les ETF axés sur l’Europe, tels ceux répliquant le Stoxx Europe 600, permettent de s’exposer aux leaders du continent. Ajouter des obligations ou des matières premières via des ETF dédiés permet de réduire la volatilité, de lisser les performances et d’amortir les secousses sectorielles.

Voici comment renforcer la robustesse de votre portefeuille :

  • Inclure un ETF MSCI World pour étendre la diversification géographique
  • Réserver une part aux obligations pour amortir les phases de baisse
  • Ajouter une exposition aux matières premières afin d’accroître la diversité des sources de rendement

Les approches se multiplient : la stratégie DCA (investissement par versements réguliers), le buy & hold ou encore la sélection par momentum permettent d’optimiser l’allocation sans céder aux effets de mode. Même logique pour l’intégration de critères ESG : certains ETF appliquent des filtres environnementaux, sociaux et de gouvernance, ajoutant une dimension qualitative à la diversification.

Un portefeuille qui n’a d’yeux que pour le S&P 500 ressemble à un gratte-ciel bâti sur un socle étroit : la vue est impressionnante, mais le moindre séisme pourrait tout ébranler. Reste à choisir : s’en remettre à la verticalité ou miser sur l’assise.

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