8 000 dollars la tonne, puis 10 500, puis retour en arrière, le cuivre, en 2024, a dansé sur un fil tendu entre incertitude et appétit féroce du marché. Les traders n’ont pas connu pareille nervosité depuis une décennie. Au cœur de cette agitation : embouteillages logistiques, bras de fer géopolitiques et spéculateurs à l’affût, bien décidés à tirer profit de chaque micro-variation. Derrière ces montagnes russes, la planète cuivre s’ajuste sans cesse, secouée par des chocs venus des mines d’Amérique latine jusqu’aux salles de marché de Londres.
Les industriels, eux, ne lèvent pas le pied. La demande ne cesse de grimper, portée par l’essor des réseaux électriques, la généralisation des véhicules électriques et la course vers la neutralité carbone. Sur le terrain, la multiplication de normes environnementales en Amérique du Sud bouleverse la donne : le coût d’extraction monte, la rentabilité se resserre. 2025 s’annonce comme un nouveau tournant, où chaque acteur doit composer avec un marché dont les lignes bougent sans relâche.
Le cuivre en 2025 : où en est-on sur le marché mondial ?
Un œil sur le London Metal Exchange suffit à prendre la température : le cuivre ne connaît aucun répit. En 2025, le moindre communiqué de Codelco, une annonce de la République démocratique du Congo ou une actualité côté BHP, et la cotation s’agite. La production mondiale, elle, reste concentrée entre les mains de quelques géants : Chili et RDC mènent la danse, mais la Chine continue d’absorber près de la moitié des volumes extraits chaque année.
Les lignes de force persistent, mais la tension monte d’un cran. L’industrialisation accélérée, l’appétit chinois pour les matières premières et les besoins croissants des filières électriques font grimper la pression. L’Europe, pour sa part, tente de diversifier ses sources et de sécuriser son accès au métal rouge, alors que l’offre se contracte. Les mines se raréfient, les coûts d’exploitation grimpent, et les exigences environnementales se font plus strictes.
Pour ce qui est des prix, le cuivre a évolué en 2024 entre 8 000 et 10 500 dollars la tonne, soit 8 à 10,5 dollars le kilo. Les spécialistes, de Reuters à Goldman Sachs, pointent une tension profonde : la transition énergétique alimente une demande durablement élevée, alors que l’offre peine à suivre. Conséquence : la nervosité domine. Le moindre chiffre sur les stocks, la plus petite révision de production par un géant du secteur, et la bourse des métaux de Londres réagit illico.
Quels facteurs font vraiment bouger le prix du cuivre au kilo ?
Le marché du cuivre ne se résume pas à une simple équation entre extraction et consommation. Plusieurs paramètres se croisent et dictent, jour après jour, le tarif du cuivre au kilo.
D’abord, la traction industrielle. Le cuivre reste le pilier du câblage, de la moindre installation électrique aux systèmes de chauffage et de climatisation. L’essor des voitures électriques change la donne : chaque véhicule requiert jusqu’à quatre fois plus de cuivre qu’un modèle thermique. Impossible d’ignorer la poussée de la transition énergétique, qui renforce chaque année la demande mondiale.
L’offre, elle, subit des pressions sur plusieurs fronts. Les gisements vieillissent, les arrêts techniques et les mouvements sociaux dans les mines chiliennes se multiplient, et les tensions logistiques en Afrique freinent la distribution. À chaque déclaration d’un acteur majeur, la volatilité s’amplifie. Les stocks du London Metal Exchange font alors figure de thermomètre pour le secteur.
À cela s’ajoutent les relations commerciales parfois tendues entre la Chine et ses fournisseurs, qui entretiennent la fébrilité ambiante. Les fonds d’investissement, eux, jouent leur partition : spéculation, arbitrage sur la parité euro/dollar, stratégies sur les matières premières. Et les taux d’intérêt influent sur l’appétit pour le risque et le stockage.
Impossible de passer sous silence l’impact du secteur immobilier chinois. Le moindre ralentissement du bâtiment provoque des remous immédiats sur la demande mondiale. Ainsi, le marché du cuivre se construit à la croisée de l’industrie, de la finance et de la géopolitique.
Zoom sur les tendances actuelles : chiffres, évolutions et surprises du marché
Le recyclage du cuivre prend une place de plus en plus stratégique. La part du métal issu des déchets métalliques ne cesse de croître : près de 35 % du cuivre consommé en 2024 provient désormais de cette filière, selon les données de Reuters. Cette dynamique répond à la tension sur les extractions minières et à la volatilité persistante des prix.
Il existe plusieurs qualités de cuivre, chacune avec ses caractéristiques et sa valorisation : millberry (pur et dénudé), cuivre mêlé, cuivre étamé ou encore cuivre avec gaine. Chacune attire une prime ou une décote, preuve d’une demande de plus en plus segmentée. Les recycleurs, en France comme ailleurs en Europe, ajustent leurs dispositifs pour répondre à ces nouveaux créneaux.
Sur le terrain, les transactions s’accélèrent nettement. Les acteurs capables de garantir une livraison immédiate prennent l’avantage, notamment sur des volumes importants. Les prix des métaux, qu’ils soient ferreux ou non ferreux, évoluent de concert, mais l’écart entre le cuivre et l’aluminium atteint aujourd’hui des niveaux rarement vus.
Le cuivre conserve son statut à part : à la fois objet de spéculation intense et colonne vertébrale de l’industrie moderne, il échappe aux logiques habituelles du marché des métaux. Fait marquant de 2024 : un regain spectaculaire du cuivre issu du recyclage dans les flux mondiaux, qui commence à supplanter une partie de l’approvisionnement primaire.
À quoi s’attendre pour le prix du cuivre : scénarios et perspectives pour l’année à venir
La tension ne faiblira pas sur le marché du cuivre. Les études issues de Goldman Sachs et d’autres instituts spécialisés s’accordent : la demande, portée par la transition énergétique, pousse toujours plus haut. L’électrification des transports, la montée en puissance des énergies renouvelables, le développement des réseaux électriques : tout concourt à renforcer le besoin de cuivre, notamment dans le câblage et les infrastructures.
Du côté de l’offre, le constat reste préoccupant. Les grands producteurs, République démocratique du Congo, Codelco au Chili, peinent à augmenter les volumes. Les stocks, scrutés au London Metal Exchange, demeurent bas. Si l’on ajoute les incertitudes géopolitiques et les restrictions à l’exportation, la formation du prix du cuivre au kilo reste soumise à de nombreux aléas.
Pour 2025, plusieurs scénarios émergent. D’un côté, une poursuite de la hausse, si la demande chinoise se réveille ou si des tensions apparaissent sur l’offre. De l’autre, une stabilisation, voire une correction, si des crises économiques freinent la consommation ou si l’innovation technologique limite l’utilisation du cuivre dans chaque produit.
Voici ce qui façonne le marché pour l’année à venir :
- La transition énergétique continue de tirer la demande vers le haut.
- Des stocks bas et des incertitudes géopolitiques maintiennent la nervosité.
- Les analystes anticipent une volatilité accentuée : seuls les acteurs les plus réactifs parviendront à tirer leur épingle du jeu.
Le cuivre n’a pas fini de surprendre : entre accélération technologique, batailles commerciales et enjeux environnementaux, ce métal rouge impose son tempo à toute l’économie mondiale. Les regards restent rivés sur lui, prêts à guetter le prochain retournement de situation.


